L’addiction sexuelle : tout savoir

Psychologue et sexologue spécialisée dans les addictions à Paris et à Bordeaux

Le sexe est un plaisir mais il arrive que ce plaisir se transforme en obsession, en addiction et en souffrance. C’est le cas de l’addiction sexuelle. L’addiction est une solution pansement à un mal être plus profond. L’addiction sexuelle est définie par la fréquence excessive croissante, et surtout non contrôlée, d’un comportement sexuel, en règle conventionnel, qui persiste en dépit des conséquences négatives possibles et de la souffrance personnelle du sujet.

Qu’est ce que l’addiction sexuelle ?

Tout le monde ne devient pas « accro » du jour au lendemain, au premier contact avec un comportement qui amène du plaisir immédiat (sexe, jeux d’argent…) ou avec une drogue : l’addiction est un processus plus ou moins rapide au cours duquel les individus augmentent progressivement la fréquence et la quantité de leur consommation de sexe, de jeux d’argent ou vidéo, d’achats, de drogues ou d’alcool…Dans n’importe quelle conduite addictive, l’addiction s’installe dans un moment de mal être et de fragilité et débute souvent à l’adolescence.

Témoignages d’addicts sexuels

Pourquoi je n’arrive pas à contrôler ma dépendance sexuelle tout seul ?

Lorsque vous utilisez un comportement qui procure un shoot de plaisir intense (manger un bon gâteau, faire l’amour, gagner une partie de jeux vidéo, acheter une vêtement que vous trouvez très beau), il active le circuit de récompense dans le cerveau et stimule l’hormone du plaisir immédiat, la DOPAMINE. Ce shoot est décuplé lorsque vous faites appel à cette activité dans un moment de détresse.

Ça peut être le cas lorsque vous mangez un bon repas par exemple, il n’y a aucun problème à se faire du bien quand on se sent mal. Par contre, manger un bon gâteau, avoir une pratique sexuelle… peut devenir problématique, si vous faites systématiquement appel à ce comportement pour remédier à votre souffrance. Plus une personne utilise de manière répétitive ce comportement pour diminuer son mal être et plus il va devenir automatique et obsessionnel. Il va prendre peu à peu le dessus sur d’autres activités plaisir qui demandent plus d’efforts, comme par exemple faire du sport.

Ça entraîne une perte de contrôle à la simple vue du gâteau, d’internet, de la CB, d’un vêtement, il en faut plus, toujours plus, la personne ne peut plus s’en passer, c’est un cercle vicieux ! C’est le système de récompense qui demande sa dose de plaisir, de plus en plus élevée à chaque fois . À ce stade, on parle d’addiction, une solution pansement automatique dès qu’il y a besoin d’apaiser un stress, soulager.

Allez, une dernière fois et puis après j’arrête, promis ! » et finalement vous y retournez le lendemain, quelques jours ou quelques semaines plus tard… L’addict sexuel perd le contrôle sur son comportement et souffre. Le système de récompense, défaillant, dirige l’addict sexuel qui n’est plus maître de son comportement. A ce stade, l’addict sexuel a besoin d’une thérapie pour traiter sa dépendance sexuelle et réajuster son système de récompense. Il n’arrivera pas à reprendre le contrôle sur son addiction sexuelle, seul.

Quelles sont les conduites sexuelles addictives ?

Quand on est addict sexuel, on est pas accro à tout ce qui touche au sexe mais à une pratique sexuelle spécifique qui peut évoluer avec le temps. Les différentes pratiques sexuelles les plus retrouvées sont la masturbation, l’utilisation de la pornographie, les rapports sexuels entre adultes consentants, le cybersexe, les rapports sexuels tarifés, la fréquentation de clubs de strip-tease ou échangistes…

Existe-t-il une normalité sexuelle ?

Il n’y a pas de normalité dans la sexualité. Aimer le sexe, le pratiquer qu’elles qu’en soient les modalités, n’est évidemment pas pathologique, même en grande quantité. Chacun fait ce qu’il veut avec son plaisir sexuel à partir du moment où il se respecte lui et l’autre. Vous pouvez aimer aller au restaurant plus que de raison ou consommer davantage que vos 2.500 calories par jour, cela ne fait pas pour autant de vous un boulimique.

Quels sont les risques de ce trouble sexuel ?

Les conséquences de l’addiction sexuelle sont toujours un tabou. L’addiction au sexe peut avoir des repercussions négatives sur sa vie conjugale, sociale, professionnelle, familiale et provoque très rapidement un fort sentiment de culpabilité et de honte. La solitude s’installe. Le désespoir peut amener la personne concernée à des états dépressifs, des tentatives de suicides ou au suicide. L’addiction sexuelle a souvent un impact important sur le couple et vient fortement perturber la confiance du partenaire.

Il est important de rappeler que le plaisir apporté par le comportement addictif sexuel est different de celui ressenti lors d’un rapport sexuel avec un partenaire. Ce n’est ni moins bien ni mieux, ce n’est pas comparable.

Comment se libérer de l’addiction sexuelle ?

Pour les personnes accro au sexe, l’objectif est de reprendre le contrôle de leur vie et de leurs envies. Pour cela, il faut se faire aider par un praticien (psychologue, psychiatre ou sexologue) spécialisé dans ce domaine. Une thérapie passe par des techniques cognitives et comportementales. Cette méthode permet de réajuster et traiter le système de récompense qui dysfonctionne.

La thérapie cognitive et comportementale est une méthode d’analyse et de traitement qui a montré son efficacité, comme traitement unique et/ou d’appoint dans de nombreuses indications comme la dépression, les troubles anxieux, les états de stress, la bipolarité, et l’addiction, notamment l’addiction au sexe.

Les outils et exercices proposés au cours de cette thérapie permettent :

  • Le contrôle ou la suppression du comportement addictif
  • La gestion des situations déclenchantes
  • La gestion des émotions
  • Le contrôle des pensées obsessionnelles liées à l’addiction
  • La gestion des conséquences de la conduite addictive et des facteurs de rechute
  • La prise en charge des problèmes associés, manque d’estime de soi, crises conjugales, traumatismes passés, troubles sexuels

Mais l’addiction n’est que la partie visible du trouble. Il faut aussi s’attaquer à ce qui est invisible, au mal être sous-jacent de l’individu, sinon il y a risque de rechute. Les traumatismes dans l’enfance, la maltraitance, la mauvaise estime de soi, le manque de confiance, les difficultés de gestion du stress ou la dépression sont autant de «terrains favorables» qui peuvent mener à une dépendance sexuelle.

Interventions dans des congrès

Retrouvez mon intervention sur la prise en charge des addicts sexuels à travers un atelier sur « L’ approche clinique et thérapeutique de l’addiction sexuelle ». Communication présentée au 11ème Colloque International Toxicomanies-Hépatites-SIDA, à Biarritz, en octobre 2013.

Les questions les plus fréquentes

Comment savoir si je suis addict au sexe ?

Votre comportement sexuel devient un besoin et pas seulement un plaisir, vous ne pouvez plus vous en passer. Vous finissez par pratiquer le comportement sexuel pour soulager le manque irrépressible, le « craving ». Des remarques répétées de la part de vos proches peuvent également vous alerter.

Dès que vous ressentez un problème vis-à-vis de votre comportement sexuel, quels que soient sa durée, sa fréquence ou le temps passé à pratiquer, que vous ayez ou non le sentiment d’être dépendant, il ne faut pas hésiter à demander conseil à un spécialiste (psychologue, psychiatre, sexologue, addictologue) et si besoin de faire aider.

Est-ce que l’addiction au sexe se soigne ?

Oui mais il faut du temps.

La thérapie cognitive et comportementale qui s’avère être la plus efficace dans le soin des addictions, propose des méthodes et exercices pour que l’addict puisse diminuer ses pulsions sexuelles. (Pour en savoir plus, « Sexe sans contrôle : surmonter l’addiction » Ed. Odile Jacob). Plus l’addict vient consulter et plus le changement arrive rapidement. Il est donc préconisé de consulter une fois par semaine au début de la thérapie. Ensuite, il est important de consolider les changements positifs pour prévenir la rechute de la maladie et de travailler plus en profondeur le mal être de l’addict. Dans tous les cas, la rechute fait parti du parcours de soin et si elle arrive, ça ne veut absolument pas dire que vous n’arriverez jamais à guérir, il faut juste l’analyser et continuer la thérapie.

Quelles sont les solutions pour me sortir de ma dépendance sexuelle ?

La première étape du traitement est d’admettre que l’on est impuissant par rapport à l’addiction sexuelle car c’est une maladie. L’addict sexuel ne fait pas exprès d’être addict, c’est plus fort que lui. Dans le cadre d’une thérapie, vous allez analyser les causes de la dépendance sexuelle, les comprendre et les traiter avec l’aide du therapeute. Vous trouverez, ensemble, des solutions concrètes pour amener du changement à votre comportement sexuel addictif. En complément de la thérapie, un traitement médical peut s’avérer nécessaire, avec l’accord de l’addict.

Qu’est-ce que je peux faire si mon partenaire est addict sexuel ?

Les conjoints se sentent coupables alors que l’addiction est une « mauvaise » solution pansement qui vient colmater une blessure ancienne chez l’addict. Une blessure qui le fait souffrir et qui a un impact sur sa vie personnelle, conjugale, familiale, sociale, professionnelle, financière… En aucun cas, vous n’êtes là pour le sauver ou l’aider, ce n’est pas votre rôle car la maladie vous affecte aussi. Il est d’ailleurs conseillé de vous trouver un espace de parole pour exprimer librement ce que vous vivez et ce que vous ressentez. Il n’y a pas de façon de réagir si vous découvrez l’addiction sexuelle de votre partenaire « Dois-je partir ou rester? », il est important de vous écouter et de respecter vos limites.

Quizz : suis-je addict sexuel ?

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Je me teste

Pour faire ce test, veuillez répondre par Oui ou par Non aux questions suivantes :

1 / 25

Avez-vous été victime d'abus sexuel pendant l'enfance ou l'adolescence ?

2 / 25

Vous êtes-vous abonné ou avez-vous régulièrement acheté des magazines sexuellement explicites comme Playboy ou Penthouse ?

3 / 25

Vos parents avaient-ils des troubles des conduites sexuelles ?

4 / 25

Êtes-vous souvent préoccupé par des pensées sexuelles ?

5 / 25

Avez-vous le sentiment que votre comportement sexuel n'est pas normal ?

6 / 25

Est-ce que votre conjoint(e) ou d'autres personnes importantes de votre vie se sont déjà inquiétées ou plaintes de votre comportement sexuel ?

7 / 25

Avez-vous des difficultés à maitriser votre comportement sexuel quand vous savez qu'il est inapproprié ?

8 / 25

Vous sentez-vous mal à propos de votre comportement sexuel ?

9 / 25

Votre comportement sexuel a-t-il déjà créé des problèmes pour vous ou votre famille ?

10 / 25

Avez-vous déjà recherché de l'aide pour un comportement sexuel que vous n'aimiez pas ?

11 / 25

Avez-vous déjà craint que des personnes découvrent vos activités sexuelles ?

12 / 25

Est-ce que quelqu'un a été émotionnellement blessé par vos pratiques sexuelles ?

13 / 25

Certaines de vos activités sexuelles sont-elles hors-la-loi ?

14 / 25

Vous êtes-vous déjà fait la promesse d'abandonner certains aspects de vos comportements sexuels ?

15 / 25

Avez-vous fait des efforts pour abandonner un certain type d'activité sexuelle et échoué ?

16 / 25

Devez-vous cacher une partie de votre comportement sexuel aux autres ?

17 / 25

Avez-vous essayé d'arrêter certaines de vos activités sexuelles ?

18 / 25

Vous êtes-vous déjà senti dégradé par votre comportement sexuel ?

19 / 25

Le sexe a-t-il été un moyen pour vous d'échapper à vos problèmes ?

20 / 25

Quand vous avez un rapport sexuel, vous sentez-vous déprimé après ?

21 / 25

Avez-vous ressenti le besoin d'interrompre une certaine forme d'activité sexuelle ?

22 / 25

Votre activité sexuelle a-t-elle interféré avec votre vie familiale ?

23 / 25

Avez-vous déjà eu des relations sexuelles avec des mineurs ?

24 / 25

Vous sentez-vous contrôlé par votre désir sexuel ?

25 / 25

Pensez-vous que votre désir sexuel est plus fort que vous ?